La marche pour l’égalité de 1983,
un moment singulier d’émergence et
de reconnaissance des mémoires de la guerre d’indépendance algérienne ?
Rendez-vous dans le cadre de la biennale TRACES.
Mairie du 1er arrondissement de Lyon
Mercredi 14 novembre 2018, 18 h
L’historien Benjamin Stora, dans l’ouvrage maintenant classique La gangrène et l’oubli, a montré comment la mémoire de la guerre d’Algérie avait été progressivement ensevelie, intériorisée dans le champ intime, bien qu’elle ait continué à « gangréner » la société française et à réapparaître par bouffées de mémoire.
La collecte de cette mémoire est importante pour mieux connaître les événements qui se sont déroulés, mais aussi pour étudier comment cette mémoire a « travaillé » les événements, ce qui a été oublié, occulté ou ce qui, au contraire, a constitué des « points de fixation » mémoriels.
Plus encore, il apparaît de plus en plus nécessaire de comprendre comment la mémoire de la guerre d’indépendance algérienne s’est transmise et se transmet de génération en génération. Or, dans ce processus de transmission, un moment paraît essentiel pour les jeunes gens d’origine algérienne : il s’agit de la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Cette marche a constitué un moment fondateur de réflexion sur l’histoire des parents, de la société française.
Dans quelle mesure la marche de 1983 porte-t-elle un héritage de la guerre d’Algérie ? Dans quelle mesure cette marche a-t-elle permis l’émergence de la mémoire de cette guerre ? C’est à ces questions que nous vous proposons de venir réfléchir et échanger, avec l’éclairage des historiens Daniel A. Gordon et Tramor Quemeneur.
Daniel A. Gordon interviendra sur le magazine Sans frontière, qui était très proche de la Marche pour l’égalité et qui traitait également de la guerre d’Algérie. Tramor Quemeneur traitera de l’action de l’abbé Carteron et du Prado pendant la guerre d’Algérie, et de la mémoire des marches non-violentes contre cette guerre, qui ont été réinvesties en 1983, notamment au travers de figures comme le Père Delorme ou encore le Pasteur Jean Costil.
Le 1er arrondissement de Lyon, comme toute l’agglomération lyonnaise, est le terreau de solidarités teintées d’un catholicisme social et œcuménique qui vit l’émergence de soutiens efficaces, tant aux militant.es nationalistes algérien.n.es pendant la guerre, que plus tard aux enfants de l’immigration. Le couple Courbière, par exemple, témoigne d’une période où il n’y avait plus un seul père de famille dans la montée de la grande côte. A travers leurs fonction de militant.e.s de la CSF (Confédération syndicale des familles), ils venaient en soutien aux femmes des militants incarcérés, en distribuant, par l’intermédiaire d’Albert Carteron, l’argent du service social du FLN.
Cette rencontre sera donc aussi l’occasion de revisiter les mémoires de ces engagements humanistes, souvent très discrets, profondément inscrits dans notre histoire locale et qui traversent le temps.
Daniel A. Gordon,
historien anglais spécialiste de l’histoire de l’immigration et de l’antiracisme en France, maître de conférence à l’université Edge Hill de Liverpool. Il a notamment publié May’68 & the rise of anti-racism in France, Merlin Press, 2012 et des articles dans les revues francophones Lava, Vingtième Siècle, Migrations Société, Migrance, Dissidences, Historiens et Géographes et Cahiers de la Méditerranée.
Tramor Quemeneur,
historien spécialiste de la guerre d’Algérie, chargé de cours à l’université Paris 8, est membre du Conseil d’orientation du Musée national d’histoire de l’immigration (MNHI) et vice-président de l’Espace national guerre d’Algérie (ENGA). Il a publié plusieurs ouvrages, notamment avec Benjamin Stora le livre-objet Algérie 54-62. Lettres, carnets et récits de Français et d’Algériens dans la guerre (Les Arènes, 2010), qui a obtenu le prix Elle (2010) et le prix de la France mutualiste (2012).
Mairie du 1er arrondissement de Lyon
2, place Sathonay
69001 Lyon
Participation : entrée libre